CHAPITRE VI
Située au cœur du District du Sénat, entre le Temple Jedi et le Centre de Justice Galactique, la Place de l’Amitié était généralement déserte après la tombée de la nuit. Mais ce soir, Alema avait de la compagnie. Jacen et Ben se tenaient à quelques mètres à peine, discutant dans l’obscurité d’une rangée de blars.
Et elle n’était pas la seule à les espionner. Elle avait repéré Lumiya, qui se tenait derrière une haie de l’autre côté du chemin, tellement silencieuse et immobile qu’elle n’aurait su dire si elle était toujours là. Puis il y avait cette figure sombre sortie du brouillard quand Ben était arrivé. Elle était à vingt mètres, accroupie à l’abri de la végétation, du même côté qu’Alema, et pointait une petite parabole en direction des deux hommes. Qui que ce soit, il ou elle était un Jedi – et puissant avec ça, car il ou elle n’avait pas de présence dans la Force.
— ... les leçons continuent ? demanda Jacen. Il essaie toujours de te faire perdre ton calme ?
Alema crut voir Ben secouer la tête. Les deux cousins prenaient soin de rester dans l’ombre, et dans une telle purée de pois, même les yeux sensibles d’une Twi’lek n’y voyaient pas grand-chose.
— Non, répondit Ben. Je crois qu’il veut réellement m’enseigner quelque chose.
— Et tu ne pourrais avoir de meilleur instructeur, dit Jacen. Mais sois sur tes gardes. Ton père cherche une excuse pour te renvoyer à l’académie.
Ben garda le silence un moment, puis demanda :
— Et il peut en trouver une ?
— Seulement si tu la lui fournis. Crois-tu que les techniques que tu apprends avec moi soient obscures ?
— Ça dépend de la manière dont je les utilise.
— Exactement, approuva Jacen d’une voix chaleureuse, serrant l’épaule du garçon. Mais plus ton père vieillit, plus il devient conservateur. Il a peur de n’avoir pas été à la hauteur pour former la nouvelle génération de Jedi à utiliser toutes les facettes de la Force.
— Et tu en penses quoi ? demanda son cousin.
— Il a fait un bien meilleur boulot qu’il ne le réalise. Beaucoup de Jedi ne sont pas assez forts pour maîtriser la Force dans son ensemble, répondit Jacen, avant de placer ses deux mains sur les épaules de l’adolescent. Toi, tu es de ceux qui le peuvent.
La fierté de Ben se diffusa dans la Force.
— Tu es sûr ?
— Qu’en dis-tu ? Tu veux juste que je le répète !
— Je suppose, soupira Ben d’un ton chagrin. Tu ne m’enseignerais pas à utiliser mes émotions si tu ne pensais pas que je suis assez fort.
Le cœur d’Alema se gonfla d’une admiration quasi religieuse. À moins qu’elle ne se méprenne – et cela semblait impossible –, Luke Skywalker était en train de perdre son fils unique au Côté Obscur de la Force. Et son propre neveu en était l’instrument.
— C’est vrai. Je ne te ferais jamais apprendre quoi que ce soit que tu ne sois prêt à utiliser.
— Maintenant, je veux que tu dises au capitaine Shevu que je ne pourrai pas me joindre à lui pour les raids de ce soir. Tu seras le seul Jedi sur le terrain.
— D’accord, mais le capitaine Girdun commence à s’inquiéter de n’avoir pas assez de Jedi pour faire tourner deux équipes. Tu devrais songer à demander de l’aide au Conseil.
Jacen inclina la tête sur le côté, l’air cynique.
— Et comment crois-tu que ma requête sera accueillie ?
— Je sais, papa dirige le Conseil, répondit Ben d’un ton de commisération plutôt que d’excuse. Mais le capitaine Girdun voulait que je te suggère de faire la demande.
— Je vois, répondit Jacen. Dis à Girdun que je réfléchirai. Nous ne voudrions pas que nos subordonnés s’inquiètent de l’état de nos relations avec le Conseil Jedi, non ?
— Probablement pas, acquiesça Ben. Doit-on t’attendre pour les interrogatoires ?
Jacen secoua la tête.
— Girdun peut commencer sans moi. Je dois rencontrer quelqu’un d’autre, puis j’ai des affaires à régler avec l’amirale Niathal.
— Le Destroyer Stellaire de la GAG ?
— Peut-être. (Jacen montra la direction du Centre de Justice Galactique.) Rentre au Quartier Général. Nous en reparlerons à la maison.
— T’as intérêt !
Ben s’en alla, passant devant la cachette de Lumiya, puis celle d’Alema. Dès qu’il eut disparu, cette dernière reporta son attention sur l’oreille indiscrète, qui s’était rapprochée d’elle, tenant l’antenne parabolique d’une main.
Quand l’ombre fut assez proche, elle devint celle d’un Jedi en robe standard à capuchon, puis une grande femme au visage pâle et au front lourd de Chev. Encore deux pas, et Alema réalisa que Ben n’était pas suivi par une simple Jedi. C’était Tresina Lobi, l’un des Maîtres qui avaient servi au Conseil Spécial de Cal Omas pendant la guerre contre les Yuuzhan Vong.
Alema porta la main à son sabre laser tout en intimant à Lobi de ne pas faire l’erreur de pointer son instrument vers elle. À cette distance, il était assez sensible pour capter les battements d’un cœur, et être découverte était bien la dernière chose que voulait la Twi’lek.
Elle n’aurait pas dû s’inquiéter. Lobi était toujours à deux mètres quand la voix sèche de Lumiya se fit entendre.
— Je suis impressionnée, Jacen.
Alema se risqua à détourner les yeux de Lobi et vit Lumiya apparaître sur le sentier, sa longue robe se confondant si bien avec le brouillard qu’elle paraissait faite d’ombre.
— Vous l’avez complètement sous contrôle.
— Il ne s’agit pas de ça.
Le ton de Jacen était légèrement hostile.
— Ben est mon cousin et je me soucie de lui.
Elle l’étudia de derrière son voile, puis elle dit :
— C’est bien – tant que vous ne laissez pas vos sentiments se mettre en travers de votre chemin.
— Il y a une différence entre ça et détruire inutilement, contra Jacen. Je commence à croire que je devrais le renvoyer à son père.
La voix de Lumiya trahit son désarroi autant que sa désapprobation.
— Pourquoi feriez-vous une chose si stupide ?
— Pour finir son éducation. J’ai du mal à trouver le temps de le faire. Vous avez bien vu comme il a essayé de me manipuler.
— Oui, et ce genre de faiblesse le rendra esclave de ses émotions, répondit Lumiya. Et le vôtre, si vous vous en servez avec sagesse.
— Ce n’est pas ce que je veux pour mon cousin, fit Jacen d’un ton un peu écœuré.
— Ce que vous voulez n’a pas d’importance ! rétorqua la Sith. Seul compte ce dont vous avez besoin – et vous avez besoin d’un apprenti.
— Non, d’un assistant, corrigea-t-il. Et plusieurs Chevaliers Jedi me serviraient mieux et me demanderaient moins d’efforts. Tahiri Veila, par exemple.
— Tahiri ne descend pas d’Anakin Skywalker. Elle n’a pas le potentiel de Ben, et elle ne vous servirait pas mieux au long terme.
Jacen garda le silence un instant, puis il lança :
— Ne voulez-vous pas dire vous servir ?
— C’est la même chose, répondit vivement Lumiya. Nous servons une cause – même si j’ai des doutes sur vous, Jacen. Vous semblez plus attaché à vos amis et à votre famille qu’à notre mission.
— Si ça signifie les protéger de dangers inutiles, alors oui, répondit-il. Nous sommes censés faire ça pour le bien de la galaxie, et ils en font partie.
— Oui, évidemment. Je n’ai jamais voulu dire le contraire. (Même si ses paroles étaient réconciliatrices, son ton restait froid et autoritaire.) Mais la galaxie est plus grande que votre famille. Vous devez être prêt à sacrifier ceux que vous aimez pour le bien commun.
— J’ai déjà prouvé que j’en étais capable, fit-il avec froideur. Je le prouve chaque jour.
— En effet, admit-elle avec plus de douceur, lui prenant le coude. Tout ce que je dis, c’est que nous devons garder Ben près de nous. J’ignore encore comment, mais je pense qu’il sera la clé de notre succès.
Jacen réfléchit, puis il soupira et hocha la tête.
— D’accord – pour l’instant. Mais à la seconde où je me rends compte que vous vous servez de Ben pour régler vos comptes avec oncle Luke...
— Ça n’arrivera pas, parce qu’il n’en est rien. Tout ce que je fais, je le fais pour apporter la paix et la justice dans la galaxie.
L’admiration d’Alema pour la Sith grandissait d’instant en instant. Jacen Solo n’était pas facile à duper, et elle se servait de son propre idéalisme pour les détruire, lui et sa famille. Prodigieux !
Lumiya regarda d’un côté puis de l’autre, utilisant la Force pour s’assurer que nul ne s’aventurait trop près pendant qu’ils parlaient.
— Pourquoi vouliez-vous me voir ici ?
— Parce je n’avais pas le temps d’aller chez vous, répondit Jacen.
Alema jeta un coup d’œil à l’autre bout de la haie. Lobi s’était accroupie et un fil reliait l’antenne à un enregistreur caché dans sa ceinture. Soudain, Alema se sentit trahie par l’Équilibre. Depuis que son attaque avait échoué, elle avait passé son temps à espionner Jacen et Lumiya. Et il lui était apparu que si les pires craintes de Luke se réalisaient, il perdrait son fils et Jacen deviendrait ce que Leia haïssait le plus : un Seigneur Sith.
Mais si Lobi révélait cela à Luke maintenant, l’apprentissage de Jacen ne serait jamais complet. Luke pourchasserait Lumiya et la tuerait, Leia ramènerait son fils grâce à son amour, et les Solo vivraient heureux à jamais.
Oui, où était l’Équilibre dans tout ça ?
Jacen captura de nouveau l’attention d’Alema par sa réponse coléreuse à quelque chose qu’elle n’avait pas entendu.
— Ce soir, je n’ai pas le temps d’être prudent ! Niathal va me donner mon propre Destroyer Stellaire. (Sa voix se fit plus calme, et pourtant plus froide et plus exigeante.) J’étais censé la rencontrer il y a cinq minutes, mais il faudrait que vous fassiez quelque chose pour moi. Maintenant.
— De quoi s’agit-il ? demanda Lumiya d’un ton suggérant qu’il faudrait d’abord qu’elle soit d’accord. Et qu’avez-vous fait de votre politesse ?
Alema ne quittait pas Lobi des yeux, laquelle continuait de tout enregistrer.
Finalement, Jacen reprit, d’un ton plus posé :
— Navré, je viens de perdre un ami.
— Je vois, fit la Sith, qui désapprouvait la tristesse de Jacen. C’est sans doute pour ça que les Ferais provoquent des émeutes.
— Oui, le Cerveau Monde est mort cet après-midi, répondit-il, et sa voix se brisa. Mais ils ne se soulèvent pas vraiment – c’est juste qu’ils ne contrôlent plus leurs pulsions maintenant qu’il n’est plus là pour les guider.
— Et vous voudriez que je le remplace ?
— Non, la Sécurité de Coruscant peut s’en charger. J’ai besoin que vous terminiez la liste que je vous ai donnée.
— Les Bothans ? demanda Lumiya. Jacen, vous ne pouvez pas laisser vos sentiments personnels...
— Ce n’est pas le cas, coupa-t-il. Les Corelliens ont compris comment la GAG les traquait. Ils comptent envoyer leur réseau entier contre le Cerveau Monde.
— Pas s’ils réalisent qu’il est mort.
— C’est vrai. Mais j’ai besoin qu’ils attaquent. Ça fera sortir les terroristes de l’ombre.
— La Garde sera là pour les cueillir ?
— Elle les surveillera, corrigea Jacen. La Sécurité de Coruscant sera responsable de l’embuscade. Nos agents se concentreront sur les terroristes qui réussiront à s’échapper. Certains paniqueront, et avec un peu de chance ils nous mèneront à leurs chefs.
— Et pour que votre plan fonctionne, de nombreux Bothans doivent mourir, dit Lumiya.
— Nul ne comprendrait mieux cette stratégie que les Bothans eux-mêmes.
Alors que Jacen disait cela, Lobi tirait un comlink de sa ceinture. De plus en plus désespérée, Alema vit la Chev poser l’antenne parabolique par terre et mettre l’oreillette et le micro en place. Cela ne pouvait pas être dans l’intérêt de l’Équilibre – pas alors qu’Alema devait encore tellement à Leia.
Après une courte pause, Lumiya reprit :
— Vous savez que si je finis cette liste, Bothawui déclarera la guerre. Leur ambassadeur en fait partie.
— Commencez par lui, répondit Jacen. Bothawui déclarera la guerre – c’est inévitable. Niathal dit qu’ils préparent trois vaisseaux pour des troupes corelliennes.
— Très bien. L’ambassadeur en premier... si vous êtes sûr.
— N’en ai-je pas l’air ? cracha Jacen, pivotant pour partir. Faites-le, c’est tout. Je ne peux pas faire attendre l’amirale plus longtemps.
Tresina Lobi porta la main à son micro et commença à tapoter sur la touche ENVOI selon une séquence rythmique, utilisant un code de communication. Alema ne pouvait malheureusement pas voir ses doigts assez clairement et ne saisit qu’une partie du message.
— ... Skywalker, il était... Lumiya SUIT Ben...
Alors que Lobi transmettait cela, la Twi’lek comprit pourquoi la Force avait attiré la Chev si près de sa cachette.
— ... ce n’est pas tout...
Alema tira son sabre laser. Elle était une Jedi – elle servirait l’Équilibre.
— Lumiya est...
Alema bondit hors de sa cachette, activant sa lame. Lobi roulait déjà sur elle-même, sa main lâchant le micro pour s’emparer de son sabre laser.
Alema transforma son bond en une pirouette assistée par la Force et son pied mutilé atterrit entre les omoplates de la Chev. Puis elle éprouva une vive douleur quand Lobi, qui continuait son mouvement, lui assena un coup de coude au genou, lui fauchant les jambes.
Alema atterrit sur un chrysanthus, surprise et endolorie. Lobi n’avait jamais été une excellente combattante, mais elle était puissante et efficace – elle méritait son titre. La Twi’lek fit tournoyer sa lame pour se protéger, s’attendant à moitié à sentir celle de son adversaire la traverser.
Mais la Chev, désorientée par l’assaut inattendu, avait décidé de gagner un peu de temps pour réagir en se lançant dans un salto arrière. Alema arqua le dos et bondit sur ses pieds – et faillit tomber quand son genou céda sous elle. Au lieu de repartir à l’attaque, elle tendit la main et se servit de la Force pour arracher le casque de la tête de Lobi.
La Chev se réceptionna la seconde suivante, les yeux écarquillés par la rage et l’incompréhension. Mais elle ne perdit pas de temps à essayer d’identifier Alema. Elle alluma son sabre laser et s’élança.
Alema eut à peine le temps de trancher le casque en deux avant que la Chev ne soit sur elle, la repoussant contre la haie à grand renfort de coups de pied et de mouvements de lame. Le premier coup qui toucha Alema lui coupa le souffle. Le second la força à se plier en deux, la rendant vulnérable – mais elle employa la Force pour se propulser à travers la végétation.
Alors qu’Alema percutait les blars, elle entendit Lumiya dire au dos tourné de Jacen :
— Allez-y, je ferai le nécessaire.
Non ! voulut crier Alema. Lobi est dangereuse – nous aurons besoin de toute l’aide disponible !
Mais elle n’osa pas. Pendant les prémices du conflit entre les Killik et l’Alliance Galactique, son nid – le Nid Obscur – avait tenté d’assassiner la fille de Jacen. Elle se dit qu’il laisserait volontiers Lobi se charger d’elle. Alors elle sortit suffisamment sur le sentier pour que Lumiya la voie.
Le visage dur, la Sith alluma son arme – une combinaison exotique, moitié fouet moitié sabre laser, avec de longues lanières de métal et d’énergie sifflante.
— Qui êtes-vous ? demanda-t-elle. Pourquoi... ?
— Pas le temps !
Alema retourna de l’autre côté et vit Lobi se sauver dans la nuit. Elle baissa son arme et tendit la main vers la Jedi, s’ouvrant à la Force et utilisant sa colère et sa peur pour l’absorber au plus profond d’elle-même. Quand l’énergie devint une brûlure, elle la relâcha sous forme d’éclair, qui frappa sa victime dans le dos.
Lumiya émergea de la haie, son fouet laser formant un halo coloré dans le brouillard. Elle regarda l’éclair bleu qui sortait des doigts d’Alema et répéta :
— Qui êtes-vous ?
— Nous sommes vos amis.
Sans arrêter de déverser l’énergie dans sa victime, Alema commença à avancer sur elle.
— Nous ne souhaitons pas que Maître Skywalker apprenne ce que vous faites avec son neveu.
— Nous ? Je ne comprends pas...
— Plus tard ! cracha Alema, car elles n’étaient plus qu’à cinq mètres de Lobi. Pour l’instant, nous sommes occupées.
Soudain, Lobi cessa de se tordre de douleur et tendit le bras vers un patio tout proche. Une urne décorative sortit de la brume.
Alema essaya de la faire changer de direction, mais la Chev maîtrisait la Force. Le projectile la toucha en plein dans son épaule mutilée et l’envoya bouler. Elle atterrit au milieu des buissons quelques mètres plus loin, le corps perclus de douleurs et l’esprit engourdi par le choc.
Les vrombissements et crépitements de deux armes la ramenèrent à la réalité, et elle trouva Tresina Lobi en train de tournoyer et de parer, forçant Lumiya à reculer. Doucement mais sûrement, tout en évitant l’arme exotique de la Sith, elle se plaçait à portée de son adversaire.
L’arme d’Alema vint se nicher dans sa main. Elle se releva et se dirigea vers le combat.
Lobi fit un saut périlleux arrière pour éviter un coup de fouet. Alors qu’elle redescendait, elle utilisa la Force pour tirer Alema en avant et la mettre à portée des lanières mortelles. Lumiya réussit tout juste à les désactiver avant qu’il ne soit trop tard, et quand bien même, les filaments brûlants laissèrent des cloques sur la cuisse et les côtes de la Twi’lek.
Alema hurlait encore quand Lobi se réceptionna près de Lumiya. La Chev abattit sa lame, et le bras de Lumiya qui tenait son sabre –l’une de ses prothèses cybernétiques – tomba sur le sol, dans une gerbe d’étincelles et de fluide hydraulique.
Aussitôt, Lobi inversa sa frappe, visant le torse de la Sith, mais Alema plongeait déjà pour intercepter l’attaque.
Lobi pivota, ramenant sa lame vers les genoux de la Twi’lek, l’obligeant à sauter en arrière.
Alema utilisa la Force pour attraper le bras tranché de Lumiya et le jeter sur la Jedi. La Chev l’évita facilement, mais cela laissa le temps à Lumiya de récupérer son arme et d’attaquer. Lobi se détourna pour esquiver. Alema lui bondit dessus par-derrière, visant le cou épais de la Chev, et cria d’étonnement quand un pied botté lui effleura les côtes... et la projeta en arrière.
Lumiya profita de l’occasion pour se lancer dans une série d’attaques, son fouet s’ouvrant en éventail pour se faire plus difficile à bloquer. Frappant tantôt à droite tantôt à gauche, elle empêchait la Chev de se retourner et la poussait vers le sabre laser d’Alema.
Enfin, Lobi montra des signes de faiblesse. Elle se prépara à un saut assisté par la Force et y renonça, reculant encore vers la Twi’lek.
C’était l’instant qu’attendait celle-ci.
— Vous êtes bonne, Maître Lobi – mais pas assez, dit Alema dans un murmure porté par la Force, si bas qu’il n’aurait pu être qu’une pensée. Vous ne pouvez pas vaincre deux d’entre nous.
Lobi tourna vivement la tête, le regard empli de confusion et de doute. Puis elle enchaîna plusieurs coups de pied et frappes horizontales.
Alema ne bougea pas, esquivant les uns, laissant les autres passer autour d’elle. Puis elle atteignit la Chev à l’estomac avec la poignée de son sabre laser.
— Pas assez bonne, répéta-t-elle.
Lobi ne recula que d’un pas, mais ce fut un de trop. Le fouet de Lumiya lui sectionna les deux jambes sous les genoux. La Chev rugit de colère puis, alors qu’elle tombait en avant, de douleur.
Ce fut un son terrible à entendre.
— Inutile de souffrir, dit Alema, qui s’avança et lui coupa la tête. Votre combat est fini.
Lumiya apparut de l’autre côté du cadavre, mais elle ne quittait pas Alema des yeux et son fouet était toujours activé.
— Je vous connais ? demanda-t-elle.
— Pas encore.
Alema s’agenouilla près du corps sans tête de Lobi et le fit rouler sur le dos. Elle récupéra le bâton enregistreur et le jeta à Lumiya.
— Mais nous espérons que vous nous laisserez vous servir. Nous approuvons ce que vous faites avec Jacen – c’est parfait pour l’Équilibre !